Autisme et microbiote

Axe intestin-cerveau

Les scientifiques se penchent depuis quelques années sur la manière dont les 200 millions de neurones du système nerveux entérique communiquent avec les neurones du cerveau à travers l’axe intestin-cerveau. Les dernières recherches sur le sujet montrent que ce qui se produit dans le milieu intestinal, y compris l’activité des bactéries du microbiote qui y résident, influence les neurones et le système nerveux. Il existe en effet un dialogue permanent entre ces deux organes, au travers d’un axe bidirectionnel et ce bien qu’ils soient physiquement séparés.

Il est ainsi intéressant de noter que 95% de la sérotonine est produite au niveau de l’intestin et prend part aux échanges entre le cerveau et l’intestin via le nerf vague. La sérotonine est un neurotransmetteur, parfois aussi appelé « hormone de la sérénité » qui régule une vaste gamme de fonctions comme l’humeur ou le comportement. Entre le cerveau et l’intestin s’immisce un acteur crucial : le microbiote intestinal, qui prend part à ce mystérieux dialogue.

Le microbiote intestinal correspond à l’ensemble des micro-organismes qui colonisent le tube digestif. Il est peuplé de près de 100 000 milliards de bactéries et bien d’autres micro-organismes, soit un peu plus que le nombre de cellules du corps.

En effet, des études indiquent que le microbiote intestinal participe à la communication entre l’intestin et le cerveau et influence le fonctionnement cérébral à travers ses diverses fonctions métaboliques, et un dialogue direct avec le système immunitaire et les neurones. Aujourd’hui, les chercheurs se penchent sur les liens possibles entre un déséquilibre du microbiote intestinal et certains troubles psychiques : stress, bipolarité, schizophrénie, dépression mais aussi certaines maladies neuro-dégénératives (Parkinson, Alzheimer…) et troubles neuro-développementaux (autisme).

Parmi les conditions associées à une perturbation du microbiote intestinal figure l’autisme qui fait l’objet de recherches récentes très prometteuses. L’autisme fait partie des affections chroniques dont l’incidence ne cesse d’augmenter depuis 60 ans, elle concerne aujourd’hui une naissance sur 54 (source : CDC) aux Etats-Unis et une sur 150 en Angleterre ou en France.

Le microbiote et les troubles du spectre autistique : un changement de paradigme majeur

Des études récentes en France (travaux de Joël Doré, INRAE) et aux États-Unis, sur des modèles murins et des patients, ont précisé le lien entre les bactéries intestinales et l’autisme. Une récente étude a par ailleurs conduit le Pr Krajmalnik-Brown et le Pr Adams de l’Arizona State University, en partenariat avec le Dr Sarkis Mazmanian du Caltech, à l’idée que la restauration d’un écosystème de bactéries harmonieux pourrait atténuer les symptômes de l’autisme.

En 2017, ils ont ainsi testé un processus appelé transplantation de microbiote (MTT) sur 18 enfants autistes âgés de 7 à 16 ans ayant des symptômes intestinaux. Parmi les participants, 15 étaient considérés comme ayant une forme d’autisme sévère.

Résultats de la transplantation de microbiote chez les enfants autistes : les résultats de l’étude ont montré une réduction remarquable (47%) des symptômes d’autisme. Après deux ans, sur 18 enfants, seuls 3 d’entre eux étaient encore considérés comme autistes sévères, tandis que 8 enfants se situaient en dessous du seuil de diagnostic pour l’autisme, ce qui signifie que ces 8 enfants sont désormais considérés comme neurotypiques.